A la Réunion le rhum est un symbole de convivialité. On le boit entre amis ou en famille et la coutume veut qu’on en offre un petit verre aux visiteurs. Traditionnellement, de nombreux restaurateurs proposent gracieusement un rhum arrangé de leur fabrication à la fin du repas
Sur «L’île Intense» on fabrique du rhum depuis le 17ème siècle, mais c’est Charles Panon-Desbassyns qui ouvrit la première distillerie moderne en 1815, sur sa propriété de la Rivière-des-Pluies. A la fin du 19ème, on compte 120 usines sucrières et 40 distilleries, qui produisent environ 2 millions de litres de rhum, dont une grande partie est destinée à la Métropole, seul importateur à l’époque.
En 1921, le rhum occupe une place importante dans l’économie de l’île; son appellation est réglementée et exclusivement réservée «à l’eau-de-vie provenant exclusivement de la fermentation alcoolique et de la distillation soit des mélasses provenant de la fabrication du sucre de canne, soit du jus de canne à sucre».
Le rhum arrangé, grande spécialité de la Réunion qui consiste à faire macérer, des fruits, des plantes et des épices dans du rhum, apparaitra vers 1930.
La Réunion produit principalement du rhum traditionnel à base de mélasse, résidu de l’industrie sucrière, principale raison de la culture de la canne à sucre sur l’île. Deux usines sucrières se partagent la production de sucre : L’usine du Gol à Saint Louis et celle de Bois-Rouge à Saint André. Elles fournissent aux distilleries une mélasse contenant environ 35% de sucre.
De nos jours, seules 3 distilleries Savanna, Rivière du Mât et Isautier produisent du rhum. Chacune d’elle propose quelques rares rhums agricoles.
Elles proposent également des rhums vieux, élevés au moins 3 ans en fûts de chêne, ainsi que des rhums maturés, d’une jolie couleur ambrée, stockés en foudres pendant 3 mois
Traditionnellement, les petits producteurs de rhum vendaient leur rhum «en vrac». Mais en 1972, ils créèrent le GIE Rhums Réunion. Dès lors, ils purent le commercialiser en bouteille, et donner naissance au célèbre rhum Charrette.
Isautier
La distillerie Isautier se trouve à Saint Pierre. Fondée en 1845, elle est la plus ancienne et la plus petite de l’île et propose notamment une jolie gamme de punchs et de rhums arrangés gourmands.
Cette distillerie présente la particularité d’abriter depuis 2008 un musée «la Saga du rhum» qui présente aux nombreux visiteurs les différentes phase de fabrication du rhum, depuis la récolte de la canne à sucre, et qui relate l’histoire de cette boisson traditionnelle et culturelle.
Rivière du Mat
La distillerie Rivière du mat fut créée dans la ville de Rivière du Mât en 1886. Installée à Saint Benoist depuis 1984, elle est la plus grande distillerie de l’île et la première exportatrice. Elle traite aujourd’hui toute la mélasse de l’usine sucrière du Gol et une partie de celle fournie par l’usine de Bois-Rouge. Rivière du Mât possède deux colonnes de distillation, une colonne simple dédiée simple à la production de rhums puissant, et une colonne triple plus récente qui produit des rhums plus légers. Pour le vieillissement, la distillerie utilise un procédé inspiré du Cognac qui consiste à mélanger des rhums et de fûts différents.
Savanna
La distillerie Savanna, liée à la Sucrerie Bois-Rouge fut créée vers 1850 à Saint Paul, et transférée à Saint-André sur le site de la Sucrerie en 1992. Elle présente la particularité d’être la seule au monde à produire à la fois du rhum traditionnel, du rhum agricole et du rhum grand arôme, un rhum particulier à l’élaboration complexe. Pour les rhums agricoles et Grand arôme, Savanna utilise une colonne en cuivre de type Savalle, alors que le rhum traditionnel est distillé via une colonne en continu. Pour le vieillissement de ses rhums, la distillerie Savanna utilise des fûts en chêne de l’Allier et du Limousin. Avec plus de 400 000 litres en vieillissement, Savanna possède l’un des plus grands chais de la Réunion. La majeure partie de la production de Savanna est destinée à fournir des clients professionnels qui transformeront le rhum en punchs ou en liqueurs.
Charrette
Le rhum Charrette est le plus connu de la Réunion. Il est aussi le plus exporté. Né en 1972 sous l’impulsion des 3 distilleries de l’île qui créent un GIE, sa vocation était de leur permettre de conditionner et de commercialiser leurs rhums en bouteille, alors qu’auparavant, il était vendu en vrac. Aujourd’hui les rhums Charrette appartiennent au groupe Chatel et propose une gamme composée de rhums blancs, d’un rhum ambré, de rhums vieux et d’un rhum vanillé.
Chatel
Fondée en 1907, dans un immeuble familial à Saint-Denis par Jean Chatel, la distillerie du même nom, aujourd’hui installée à Sainte Marie, propose une large gamme de punchs, liqueurs et de rhums arrangés.
La Part des Anges
Fondée en 2009 par Ludovic Maufra, fils de distillateur et sa femme Céline, sommelière, cette petite distillerie a pour vocation de produire des eaux de vie de fruits tropicaux locaux, comme l’ananas Victoria, la mangue ou encore la goyave. Une fois fermentés, les fruits sont distillés à l’aide d’un alambic sophistiqué qui permet une triple distillation. Seul le coeur de chauffe est exploité pour obtenir doter les produits finis d’une grande richesse aromatique. La distillerie produit également des liqueurs et des mistelles, boisson alcoolisée sucrée obtenue en mélangeant du jus de fruit non fermenté et de d’eau de vie. Depuis 2015, la Part des Anges commercialise un rhum agricole artisanal, Sublim'canne, à base de jus de cannes roses, cultivée dans le sud de l’île, sur une plantation labellisée biologique.
La grande spécialité de l’île Bourbon, c’est le rhum arrangé. Chaque famille a ses recettes et on le prépare à la maison en faisant infuser des feuilles, des épices, des écorces, des plantes, des fruits et du sucre dans du rhum pendant plusieurs mois. On le propose aussi bien à l’apéritif qu’en digestif.
Les Réunionnais apprécient beaucoup les punchs et les cocktails, qui permettent de mêler les parfums du rhum à de savoureuses saveurs de fruits frais.